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Si je mens, je vais en enfer !!

Surtout ! Ne jamais me croire !

Ça fait rire les gens quand j’annonce ça de but en blanc sur un stage ou un *Restons Chelous*. C’est effectivement pour la blague… ! C’est quand même con pour une thérapeute ! 🫣
Evidemment, comme beaucoup ! J’ai toujours voulu être parfaite ! Je me suis toujours dis que j’allais pas mentir ou juste pour la bonne cause. Evidemment que quand je réponds « Oui ça va. » à la question « Ça va ? » alors que j’aurais préféré hurler que ça ne va pas, je me dis que c’est pas vraiment un mensonge.

Je ne vous parle pas de ce genre de mensonge… Non. Je vous parle bien de réels mensonges. Je sais depuis très longtemps que je mens parfaitement. Même si je n’ai pas eu l’impression d’en abuser dans ma vie, voilà où tout le processus de prise de conscience m’a mené.

Le mensonge m’aide à dépasser mes peurs

Il m’a fallut du temps pour me rendre compte qu’à force de me sentir coupable, fautive, je mentais. Une fois le mensonge dit, comme il n’était pas question que je mente réellement (souvenez-vous… »Sois parfaite Eléonore, surtout ne pas faire de vague ! »)…  Il fallait que je fasse ce que j’avais dit que j’avais déjà fait, mais qu’en fait, j’avais jamais fait (vous me suivez j’espère). Je me suis mise à faire des trucs pour rétablir la vérité. C’était donc pas vraiment des mensonges, c’était plus une problématique de ligne de temps (oui bien-sur 😅)… Sans commentaire 🤣…

Ce concept du « non-mensonge » (puisque que l’action était faite juste après avoir dit que je l’avais déjà faite) … m’amenait à mentir sur des choses possibles. J’ajustais juste mon mensonge pour être sûre de pouvoir le réaliser après. Je vous parle de ça, j’étais au collège. Ah ! Vous voilà rassurez !! C’était quand elle était jeune 😅. Ouff ! Maintenant qu’elle est adulte, elle ne ment plus !

Je m’inventais être sûre de moi, pour ensuite jouer à celle qui était sûre d’elle. Je me suis mise à faire des choses dont j’avais méga la trouille juste pour ne pas « vraiment avoir menti ». Et finalement, avec du recul, je crois qu’avec ce tour de passe passe, j’ai dépassé pas mal de peur. Disons qu’aujourd’hui, j’ai toujours peur de faire ces trucs, mais je sais que c’est pas parce que j’en ai peur que je ne peux pas les faire.

J’ai tellement peur de prendre ma place…

Avec le père de mes enfants, c’était flagrant. Finalement je ne sais pas trop ce qui se passe dans ces moments là. Mon ex-mari n’a jamais eu de comportement qui auraient dû induire mes mensonges. J’ai pourtant menti ou été très très très tentée de le faire. Je n’ai pas menti sur des choses graves… (c’est fou comme je me sens obligée de me justifier encore 😊). En fait, encore aujourd’hui, quand je n’arrive pas à faire entendre mon point de vue, je mens. Je raconte des choses et des points de vue qui ne sont pas les miens. C’est jamais très éloigné de ce que j’aurais réellement dis, mais pas franchement la vérité. C’est plus simple pour moi. J’ai l’impression d’être moins mise à nue.

Et puis parfois je sens des choses, sans savoir les expliquer. Je sais des choses sans savoir comment je les sais. Je ne peux pas argumenter. Alors c’est plus simple pour moi d’inventer un truc.

« Si ça existe en moi, c’est qu’il y a quelque chose à en faire ! »

J’ai commencé à m’observer. J’ai été frappé par ma dextérité à inventer des choses et mon assurance. A la fois, j’était épatée par le professionnalisme que je mettais en place pour rétablir le mensonge après l’avoir dit, à la fois je me détestais.

Je me suis dis qu’effectivement, si c’état aussi naturel pour moi, j’avais bien quelque chose à en faire. J’ai commencé à assumer mentir. J’ai voulu savoir comment ça allait faire en moi de mentir consciemment sans rétablir le truc derrière… Très étonnant… Ça ne me faisait rien de spécial. Je ne ressentais rien de mal, ni de grinçant, ni même de plaisir. Juste j’avais menti. Limite tout le monde s’en foutait en fait.

Peut-être que j’aime mentir ?

Aujourd’hui, j’arrive à sentir le mécanisme de la fuite par le mensonge qui me démange. Je sens que là, ça va être ultra facile pour moi de mentir. Je me vois venir avec mes gros sabots !
Et là, il se passe un truc bien chelou.

Je me fais la liste, dans ma tête, de tous les mensonges possibles et inimaginables en lien avec la situation dans laquelle je me trouve. Je m’imagine tout ce que je pourrais dire, tout ce qui pourrait être crédible mais faux. Une fois ce puit d’imagination épuisé, c’est comme si mon besoin de mentir était assouvi. Et je me sens assez bien avec moi pour pouvoir dire la vérité. Est-ce que ça veut dire que j’aime mentir ?

J’ai honte !

Quand il faut que j’assume quelque chose et que j’ai honte, c’est là que je suis tentée de mentir.  La honte !!!

Ah !! La voilà, la honte !! Voilà le véritable pourquoi du comment, j’ai ce besoin de mentir !! Prise en flagrant délit !! J’ai honte tout simplement !! J’ai honte de ne pas être parfaite ! J’ai honte de ne pas être celle que vous croyez. J’ai honte de ne pas être à la hauteur… Il a fallut que je n’ai pas honte de mentir pour toucher la honte qui m’amenait au mensonge. L’être humain est quand même bien tarabiscoté !

La honte se cache derrière beaucoup de nos actions ou manière d’agir. Elle ne peut exister qu’à partir du moment où on ne l’identifie pas. La honte se nourrit du secret. Elle se tapie en secret derrière un état d’être ou derrière certaines émotions… à partir du moment où vous l’avez identifiée, mise à jour, elle ne peut plus exister. Très souvent, quand je dis à un client « Je crois que c’est surtout important d’aller voir la honte cachée derrière cette compulsion ou cette action, cette émotion…! » Quasiment systématiquement, j’ai la réponse suivant « Ah non, moi j’ai pas honte ! » Sauf que, on le sait tous…si tu as besoin de te justifier… ça sonne faux. Il a honte d’avoir honte en fait.

Dans le développement personnel, on cherche tellement à être parfait, que mentir devient une honte. Je crois que parfois, il vaut mieux ne pas dire la vérité. Mentir est un phénomène naturel de protection. A force de vouloir toujours dire la vérité et être une bonne personne, ça fini par nous figer. Vouloir toujours dire la vérité ne nous amènera jamais à être une meilleure personne que celle qui ment. Ça vient servir notre sentiment de supériorité. « Ah non ! MOI, je ne mens pas ! » sous entendu « Je ne mange pas de ce pain là ! MOI ! »

Mais ça vient surtout nous envelopper du poids  de l’exigence que demande la vérité à tout moment. Le mensonge permet une souplesse envers soi-même et nous ramène à l’humain que nous sommes. Avec le mensonge, on vient toucher notre fragilité. Et c’est cette fragilité qui nous rend vivant.