C’était ma toute première conférence… C’était le pire ET le meilleur moment de prise de parole en public de toute ma vie !!
Il est TOUJOURS possible de transformer l’essai, si on ose se positionner au cœur de notre humanité. Ce jour là, je n’ai fait que être : bancale, ridicule, imparfaite, jugeante envers moi-même, désordonnée, dans la panique… Ce jour là, j’étais dans tout ce que le développement personnel déteste et pourtant quel résultat !!
En une conférence, j’ai déposé en moi les marqueurs les plus importants de mon travail qui encore aujourd’hui, 6 ans après cette expérience, ne m’ont pas quitté.
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Voilà mon histoire,
A cette époque, je suis à mon compte depuis peu. J’exerce un métier que j’ai encore dû mal à assumer, je suis guérisseuse. Je ne me sens pas encore crédible et le syndrôme de l’imposteur est particulièrement présent. En effet, à ce moment-là, je découvre que je peux aider les gens à devenir eux-même grâce aux sons que j’entends en moi pour eux.
Mon activité stagne un peu, mon couple bat de l’aile, je sens qu’il va falloir mettre le paquet pour gagner en liberté financière. Je décide donc d’animer 2 conférences dans le plus gros salon de la région (Cliquez ici pour mon prochain salon).
J’arrive. La salle est bien remplie. Ça m’impressionne ! Il se trouve que juste après moi, une personne connue dans la France entière viendra faire sa conférence dans la même salle que moi. De toute évidence, les personnes sont venues pour réserver une place pour cet événement… La star est attendue ! Et au grand dam de mon égo, ce n’est pas moi !!
Je lève les yeux sur le public… Et… je me fige ! Je sais aujourd’hui que dans des moments de grand stresse, mes dons sont décuplés. En effet, ce jour-là, il ne se passe qu’une fraction de seconde pour que je comprenne ce qui me tétanise comme ça. Outre le fait que je doive commencer à parler… Puisque les gens sont là pour ça… J’entends tout ce que les gens pensent dans leur tête.
Au moment où je commence ma première conférence de toute ma vie, je découvre que je suis télépathe ! Croyez-moi, ce n’est pas un don des plus confortables. Évidemment je n’entends pas que des moqueries, mais c’est ce qui reste en moi. Il me faudra de nombreuses années pour dompter ce phénomène.
Je me souviens encore du moment où j’ai pris le micro et que j’ai commencé à dérouler ma conférence en essayant tant bien que mal à ne pas accorder d’importance à tout ce que j’entendais… Qu’est ce que je me sentais petite et bête ! Pour ne pas dire con !!
Plus je parle, plus je panique. Plus évidemment le focus se fait sur ce que j’entends … plus je me dissocie. Jusqu’au moment où, je ne m’entends plus du tout parler. Rien ! Je sais que je parle. Mais, je n’ai aucune idée de ce que je dis.
Tout à coup, j’ai la présence d’esprit que pour m’aider à revenir à moi, une chose s’impose : JE DOIS CHANTER (ici un exemple de chant que je porte) . Sur un coup de tête, j’ai donc arrêté la conférence en disant au public :
« Houlala ! je vois que je m’embrouille comme une gaudiche. Je suis déjà en train de vous perdre à 5 min du commencement de ma conférence… J’ai l’impression d’être à la messe, là à vous regarder devant moi (avec tout le respect que je dois à la religion)… ça va pas le faire ! Je vais chanter un coup, ça va me détendre et vous, vous comprendrez ce que j’essaye de vous expliquer « .
Je demande donc au public de se lever, de se mettre en cercle. Je me glisse parmi eux. Nous sommes sur le même pied d’estale.
Ensuite tout se passe très vite. Je commence à chanter, ça m’apaise. Toutes les pensées du public font moins de bruit en moi. J’oublie ma conférence, je dis et je fais tout ce qui me passe par la tête. Je m’agite en disant clairement comment je me sens. Je me vois interpeller les personnes avec humour et tact sur leur attitude qui ne facilite pas les choses pour me détendre.
Je me trompe dans mes mots. Ça me fait rire de me voir comme ça. Et je ne manque pas de le faire remarquer. Je parle de mes blessures et du syndrôme de l’imposteur que je vis en direct live avec eux pour illustrer mes propos.
Je fais bouger le groupe dans tous les sens. Je les mets face à face yeux dans les yeux, certains commencent à être touchés. Les gens rient, je vois des regards qui se croisent impressionnés par ce que je dis et fait… D’autres qui se demandent ce qu’ils font là… Les mots, les phrases, les sons s’alignent… J’ai l’impression d’être dans un énorme bazar orchestré par quelque chose que je ne saurais nommer.
Au milieu d’un salon d’une grande envergure, organisé dans une sorte d’énorme hangar sans aucune isolation… Au milieu des 190 stands, des 4 conférences qui s’y déroulent en même temps que la mienne… Au milieu de tout le brouhaha de la foule, le groupe dont je m’occupe a été touché par les vibrations des sons que je chante. Certains ont pleuré. Certains, alors qu’ils ne se connaissaient pas, se sont pris dans les bras suite à l’exercice yeux dans les yeux.
Je termine la conférence les larmes aux yeux, touchée par ce que j’avais réussi à faire, surtout émue par ma capacité à surmonter mes peurs. J’explique mes larmes la voix chevrotante.
Je conclue que cette conférence d’un style décousue et expérimentale n’était pas parfaite, mais qu’elle a eu au moins le mérite de me faire sortir mes propres émotions. Je remercie tout le monde d’être venu et d’avoir joué le jeu. Finalement, j’espère qu’ils ont passé un bon moment car c’était pas gagné au départ !
Je me rends compte, à ce moment-là, que ma parole est très fluide et que je peux me livrer à des inconnus. Et surtout que ce que je raconte les intéresse. J’ai eu l’impression de ne faire que n’importe quoi mais l’énergie du groupe me fait dire le contraire.
Aujourd’hui, avec du recul je sais que je n’ai été que moi-même ce qui a intuitivement aidé le groupe à se livrer également.
Je sors de la conférence épuisée. J’ai en moi des émotions complètement contradictoires.
« Hors de question que j’en refasse une autre ! Ça m’a fait bouger, certes, mais j’ai bien eu trop mal ! » Ce face à face a été bien trop douloureux. J’ai eu honte de qui j’étais. J’ai eu honte, je me suis sentie nulle comme jamais.
Et en même temps, une partie de moi hurlait : « Mais quel kiff !!! On aurait dit un one man show. » J’étais mais tellement à l’aise ! Pour être honnête, je me suis sentie complète. Moi avec toutes mes facettes, celles dont j’ai honte et celles dont je suis fière, on était bien là toutes ensemble.
J’arrive à mon stand après avoir repris mes esprits et décidée d’aller dire aux organisateurs que je ne ferai pas ma conférence demain.
2 personnes m’attendaient. L’une d’elles m’explique qu’elle était à cette fameuse conférence. Elle tenait à venir me voir car elle avait adoré. C’était une conférence pour une fois dynamique. Elle a appris beaucoup de choses sur elle et ses fonctionnements humains surtout parce qu’elle a pu expérimenter sur place et me voir décrypter ce qui se passait en moi en direct. Je me souviens qu’elle a employé les mots « authenticité » et » humaine« .
Au jour d’aujourd’hui, je peux dire que ce moment a été le point clef de tout mon travail. Aujourd’hui, je sais que ma force d’accompagnement vient du fait de mon authenticité. Je mets en avant mon humanité. Je construis les stages que j’organise suivant mes propres émotions, je ne me cache pas derrière un exposé, je construis en direct mes contenus suivant ce que m’inspire le groupe, tout en faisant des soins aux personnes présentes. Et les personnes viennent me voir pour cela ! Parce que je leur ressemble !!
Mon style est inimitable car il part de mes tripes. Si je n’avais pas osé lâcher et assumer mes peurs face à ces 60 personnes ce jour-là, je crois sincèrement que je n’en serais pas là.
Depuis j’ai mis en place ce que j’appelle des Spectacles Soin Interactif et Explosif, qui sont en quelque sorte des One Woman Show où je fais des soins en direct tout en construisant une histoire suivant ce que m’inspire le public. Ces Spectacles Soin s’appellent « Restons Chelous ». C’est un hommage à tous ces moments où l’on voudrait être comme tout le monde alors que nos plus beaux atouts sont dans nos bizarreries.
En une conférence, j’ai déposé en moi les marqueurs les plus importants de mon travail qui encore aujourd’hui, 6 ans après cette expérience, ne m’ont pas quitté. Ici une vidéo où je fais un retour le le 4ème Restons Chelous Juillet 2022
Ce que vous aimez chez vos meilleurs amis, chez vos conjoints ou même chez les personnes qui vous inspirent, ce n’est pas leur côté classique et comme tout le monde ! C’est bien leur côté décalé, sans même être déjanté pour autant. Cultivons notre différence et Restons Chelous !!
Ce jour là, je n’ai rien fait d’autre que de dire que je suis humaine comme tout le monde.
Suite à cet événement tout n’a pas été évident pour moi. Je n’ai pas tout à coup assumé ma manière de faire, il m’a fallu des années pour en arriver là. Et encore aujourd’hui je doute, j’y vais à reculons, je me vois faire semblant pour paraître plus crédible… aux yeux de qui ? Je me le demande bien !!
Ce jour là j’ai donné l’autorisation à toutes les personnes présentes d’être bancales, désordonnées, parasitées… Restons Chelous !! Je ne le répèterais jamais assez !! (ici une vidéo où j’explique à Laura Nathalie ce que c’est pour moi rester Chelou)